Le mystère du Christ en croix, vient nous révéler la liberté
de l'Homme, vient nous révéler notre vocation de grandeur, en
nous mettant en face d'un bien qui n'est pas quelque chose
à faire mais Quelqu'un à aimer.
C'est cela qui est capital: si, en effet, nous sommes si médiocres,
si nous renâclons devant tant d'exigences quotidiennes de notre
vie, si nous cherchons à nous dérober aux principes les plus sacrés,
c'est dans la mesure où nous voyons dans le bien une exigence
extérieure à nous même, où nous voyons dans la morale, une règle
qui s'impose à nous du dehors, pour nous contraindre et nous soumettre,
et nous assujettir à une puissance qui veut nous montrer sa maîtrise.
Mais devant la Croix, nous savons qu'il n'en est rien. Le Bien
c'est quelqu'un à aimer; le Bien, c'est cette Présence au plus
intime de nous, qui ne cesse de nous attendre, comme la Beauté
toujours ancienne et toujours nouvelle que rencontre Augustin
le jour de sa conversion
..
Alors tout est changé, il ne s'agit plus pour nous de nous conformer
à un programme, à un règlement extérieur, il s'agit pour nous
d'assumer, de prendre la charge, de veiller sur, de protéger quoi
? Mais quelqu'un ! Mais où ? Au dedans de nous, une vie divine,
la vie divine elle-même qui est confiée à notre amour
..
Le Bien, c'est être fidèle à cette lumière; le Bien, c'est devenir
un espace pour laisser cette vie se répandre, c'est acquérir cette
transparence où cette lumière cachée en nous deviendra la lumière
du monde
Être Homme, ce n'est pas être le faisceau d'instincts, ce n'est
pas être une collection de déterminismes, ce n'est pas obéir à
tous les appels de la biologie. Être Homme c'est se dresser debout
au fond de la création et apporter cette lumière d'amour dans
le silence de soi. C'est laisser passer à travers son visage la
lumière de l'éternelle Bonté, c'est créer un espace où les autres
puissent s'y sentir libres en y respirant l'éternité de l'amour.
Il y a quelqu'un au dedans qui nous est confié.
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